Nous relayons un article publié sur le site de la FCPE nationale
Emmanuel Macron en avait fait une de ses mesures phares. Pourtant, à l’heure de leur mise en œuvre, les classes de CP à 12 élèves en zone prioritaire suscitent le plus grand scepticisme. Explications.
Dédoubler les classes en zone prioritaire pour lutter contre l’échec scolaire ? Sur le papier, difficile de ne pas adhérer à un tel projet… Mais alors que 2 500 classes de CP en REP+ (réseau d’éducation prioritaire renforcé) sont d’ores et déjà concernées par cette mesure, les difficultés se font jour. Premier problème : les locaux. « Dans de nombreux endroits, le bâti scolaire est déjà en tension, rappelle Liliana Moyano, présidente de la FCPE. Dans certains départements à la démographie forte, les écoles sont trop exiguës pour envisager les aménagements nécessaires et dans certaines grandes agglomérations, la place dans les établissements publics est contrainte. »
Dans ces conditions, comment envisager sereinement un dédoublement des classes ? Pour l’heure, le ministère renvoie la responsabilité du bâti scolaire vers les communes. Insuffisant, réplique la FCPE. « Nous demandons au gouvernement de se saisir de cette question en aidant les communes les plus en difficultés à faire face à leurs compétences, indique Liliana Moyano. Par exemple, en créant un fonds dédié pour la construction et la remise en état des locaux scolaires. »
« Redéploiement » de postes : la polémique
Deuxième difficulté, au cœur aujourd’hui de toutes les inquiétudes : la question des enseignants. Pour l’heure, on sait que les 2 500 postes annoncés par le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer pour répondre aux besoins des CP à 12 élèves correspondent en grande partie à un redéploiement des postes utilisés par le dispositif « Plus de maîtres que de classes » (PDMQDC), créé par François Hollande en 2013.
Un dispositif soutenu par la FCPE qui consiste à affecter dans une école un maître supplémentaire qui co-intervient dans les classes auprès d’élèves en difficulté. Les syndicats d’enseignants craignent ainsi une disparition progressive du dispositif, notamment dans les départements où les établissements REP et REP+ sont nombreux.
Exemple en Seine-Saint-Denis, dans le Rhône, le Var et le Vaucluse où, selon le SNUipp-FSU, plus de 200 postes du dispositif PDMQDC seront bientôt supprimés. Toujours selon le syndicat, dans d’autres académies, on envisage de « piocher » dans les postes de remplacement, les dispositifs « scolarisation des moins de 3 ans » ou les nécessaires ouvertures de classe à la rentrée.
Selon LILIANA MOYANO, PRÉSIDENTE DE LA FCPE :
« Diminuer les élèves par classe permet d’alléger la charge de l’enseignant et de libérer du temps pour accompagner les élèves les plus en difficultés. Pourtant, cette mesure ne saurait se suffire à elle-même. La réussite des élèves demande une formation des enseignants et une adaptation des techniques d’enseignement. Cela demande de former les enseignants à la gestion de la difficulté scolaire et à l’hétérogénéité des classes.
CHIFFRE-CLÉ
À terme, 12 000 classes devraient bénéficier du dédoublement, soit l’ensemble des CP et CE1 en REP et REP+.