Monsieur le Ministre, Mr le Président,
Mesdames, Messieurs les membres du CSE,
La rentrée scolaire est maintenant derrière nous et les problèmes que nous avions vu poindre en septembre se sont révélés. Des mesures sont décidées et appliquées dans l’urgence, sans évaluation et sans dialogue ni au CSE ni avec le terrain. La suppression de nombreux contrats aidés en est un parfait exemple et touche durablement l’école. La FCPE a toujours dénoncé ces contrats précaires et milite pour que ces personnels, indispensables à la vie de l’école, soient pérennisés. Le gouvernement a fait le choix de l’économie à court terme, et cela se paye tous les jours dans les établissements. Ici l’administratif qui s’entasse, là une cantine scolaire qui ne fonctionne plus faute de surveillance. Voilà la réalité de la suppression de ces contrats.
Le passage aux 4 jours dans certaines communes, dans la précipitation et sans concertation, est là aussi l’exemple de changements à marche forcée sans qu’aucune étude d’impact n’ait d’ailleurs été menée. Au contraire, les études qui existent déjà montrent qu’adapter le temps scolaire aux besoins des élèves est favorable aux apprentissages. Ils sont nombreux à être privés d’une matinée de classe alors que c’est le meilleur moment pour apprendre. Si la FCPE demande à ce que les 5 matinées soient sanctuarisées, c’est parce que c’est bon pour les enfants, quel que soit le territoire. Donner la liberté aux communes sur ce point, c’est faire le choix de sacrifier l’intérêt des enfants et considérer que leurs besoins ne sont pas prioritaires.
Déjà en fin d’année dernière, nous dénoncions les pressions exercées sur les conseils d’écoles. Et que constatons-nous cette année ? La même chose ! Les élections de parents d’élèves sont à peine terminées et des convocations ne respectant pas le délai légal arrivent déjà, avec comme seul ordre du jour un débat sur la semaine de 4 jours ou de 4,5 jours. D’autres conseils d’école sont convoqués avant même le lancement des consultations des mairies sur les rythmes scolaires, certes non obligatoires mais pour autant participatives. Comment faire vivre la démocratie scolaire quand les instances de consultations sont instrumentalisées ? La FCPE ne laissera pas faire ce genre de pratique et attend du ministère de l’Éducation nationale qu’un rappel soit fait des textes en vigueur.
Enfin, la question des rythmes ne se limite pas à l’organisation de la semaine, mais inclut l’organisation de l’année scolaire. Le travail sur le calendrier scolaire est pour l’instant à l’arrêt, malgré les annonces faites en fin d’année lors du vote du calendrier scolaire 2018/2019. Pourtant, c’est l’enjeu de demain, qu’il faut préparer aujourd’hui : nous demandons au ministère que ce chantier soit ouvert dès à présent.
Aujourd’hui, nous allons discuter d’un texte qui illustre, de nouveau, le manque de concertation du ministère : celui du brevet des collèges. Pour la FCPE, c’est le retour à un examen sanction qui va renvoyer les élèves seuls face à leur échec. D’autant que rien n’est fait au lycée pour que les élèves qui ne maîtrisent pas le socle puissent poursuivre son acquisition pourtant présentée comme indispensable. Bien évidemment il ne s’agit pas de donner le brevet sans exigence mais de se donner les moyens d’aller au bout de la logique du socle commun plutôt que d’y renoncer. Garantir à chaque jeune à l’issue de sa scolarité obligatoire l’acquisition d’un bagage suffisant pour réussir sa poursuite d’étude, sa future vie professionnelle et de citoyen est un des objectifs de la loi de refondation de l’école, sur lequel vous revenez Monsieur le ministre.
Et que dire de la consultation sur l’enseignement supérieur où l’exécutif n’a comme ambition que de réduire la liberté d’accès à l’enseignement supérieur ? Aucun projet alternatif n’a pu être débattu alors qu’il faudrait s’attaquer à l’orientation et mettre les élèves au cœur du système, sans oublier d’augmenter les moyens. Nous avons une jeunesse de plus en plus nombreuse et désireuse de se former. C’est une chance et il nous faut la saisir plutôt que de renforcer l’organisation rigide de notre système éducatif où le destin scolaire est scellé très tôt. Comment imaginer que des élèves que l’on a mis sans qu’ils en soient d’accord dans des filières au lycée, puis dans l’enseignement supérieur, puissent mieux réussir ? L’orientation subie est une cause d’échec qui sera renforcée avec le projet des pré-requis à l’entrée de l’université. Nous voulons au contraire ouvrir les perspectives de tous les élèves et leur donner les moyens de réussir. Une réforme du lycée ambitieuse est nécessaire pour cela.
Merci pour votre écoute.