« La FCPE, c’est trop politique » (Sur l’apolitisme)

Être élu dans une école, un collège, un lycée, c’est pouvoir agir directement dans la vie des écoles, collèges et lycées. C’est faire remonter les questions, les colères, les félicitations, les soutiens, les demandes des parents auprès des établissements. C’est aussi recevoir des infos à partager avec les autres parents. Comme tous les ans, il y a des listes FCPE et des listes « indépendantes ». Il s’agit là de réalités locales, de pluralisme et de démocratie. On ne débattra pas du bien-fondé des listes qui ne sont pas affiliées à la FCPE. Mais une petite chanson circule avec un peu trop d’insistance, ce qui nous force à réagir : la FCPE serait politique, ou trop politique. Les autres, non. Alors, clarifions.


Oui, la FCPE est politique, dans la mesure où l’école est une question politique, une affaire publique qui concerne, a concerné, concernera tous les citoyens.

La FCPE est politique dans le sens où elle défend une école ouverte, émancipatrice, laïque, égalitaire et inclusive. La FCPE est politique dans sa vigilance à ne pas voir des écoles pour riches d’un côté, des écoles pour pauvres de l’autre. Politique quand elle regarde le budget de la ville pour les écoles. Politique quand elle s’inquiète de l’accès à un enseignement de qualité pour tous, des établissements sûrs et en bon état.

Pour ces choses-là, oui, la FCPE est politique.

Mais la FCPE n’est pas proche d’un parti, d’un élu, d’une famille politique ou confessionnelle. Elle ne fait pas campagne pour, ne soutient pas, ne suis pas une ligne. Elle est jalouse de son indépendance. En ce sens, la FCPE n’est pas politique.

On vous pose la question d’ailleurs : si défendre la non-discrimination ou l’antiracisme par exemple, c’est politique, alors c’est quoi « l ‘apolitique », sur ces questions ? Être discriminant et raciste ? Ne pas avoir d’avis sur les discriminations et le racisme ?

On va aussi aborder un élément plus précis : une liste PEEP apparaît dans cette élection. On a rien à en dire. Mais ces adhérents font campagne sur sa dimension apolitique (contrairement à nous donc). Alors là non, faut pas pousser, on va répondre. Si FCPE et PEEP revendiquent un même souci de l’avenir des enfants, (il y a beaucoup de positions communes), il y a aussi des divergences. Si l’on considère la FCPE « politique », alors  la PEEP aussi est politique.

Là où la FCPE défend une co-éducation avec les enseignants dans une même démarche, la PEEP défend un plus grand contrôle des enseignants, la limitation de leur autonomie pédagogique et du droit de grève. La PEEP rechigne à l’enseignement de l’égalité homme-femme, aux dispositifs de planning familial dans les lycées, et exprime son « profond malaise » quand il s’est agi de faciliter l’accès à la ”pilule du lendemain” pour des jeunes filles en détresse. C’est politique aussi. La PEEP se défie des syndicats d’enseignants, du personnel encadrant et des lycéens. la PEEP, en général, aime les réformes venant de la droite (les réformes Darcos, Bertrand ou Fillon auxquelles s’opposait l’ensemble de la communauté éducative). La PEEP considère que la laïcité n’est pas assez ferme quand on cause islam mais on ne la voit jamais quand il s’agit de remettre en cause les cadeaux à l’enseignement catholique. La PEEP aimait bien Blanquer (malgré son désastreux bilan : coupes budgétaires, sélection à l’entrée du supérieur, suppression des REP, etc.)

Cela ne fait pas des adhérents de la PEEP des parents infréquentables. Ils ont eux aussi comme souci prioritaire le bien-être des enfants, mais on tenait vraiment, en cette rentrée, à remettre les pendules à l’heure sur cette idée de la grosse fédération politique versus la petite fédération apolitique.